Une fenêtre ouverte sur le cinéma d’auteur marocain

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Le festival de cinéma africain de Tarifa et Tanger (FCAT 2016) soutient le film d’auteur au Maroc en projetant onze long métrages, court métrages et documentaires, dont cinq en compétition.
Parmi les 76 réalisations sélectionnées au Festival, le Maroc, avec ses 11 films, est le pays le plus représenté dans le programme de ce FCAT 2016. Par ailleurs, la soirée d’ouverture à Tarifa a été l’occasion de découvrir L’orchestre des aveugles (2014), un film de Mohamed Mouftakir qui a remporté trois prix au Festival international du film de Bruxelles en 2015 et qui a également été primé lors de la dernière édition du Festival de Carthage en Tunisie. Le long métrage raconte, à travers les yeux d’un petit garçon et sur un fond d’histoire contemporaine, les premières années de règne du jeune Hassan II, le quotidien, les amours, les différentes positions politiques et réactions des membres d’une même famille, dans une maison animée par des personnages hauts en couleurs.

Une industrie en plein essor ?

Les œuvres projetées au festival démontrent qu’on peut aujourd’hui aborder beaucoup de thèmes dans le cinéma marocain : les années de plomb, les emprisonnements politiques et la répression sous l’ère de Hassan II, mais aussi le Printemps arabe, l’homosexualité ou le quotidien des quémandeurs de travail. Marion Berger, programmatrice du FCAT 2016, explique que « si le festival a programmé un nombre si élevé de films du Maroc cette année ce n’est pas seulement parce qu’il s’agit de sa première édition transfrontalière, qui pose un pied sur le continent Africain grâce à la ville de Tanger et à sa Cinémathèque. C’est aussi parce que la qualité et la quantité de films n’est pas passée inaperçue. »

Même s’il y a encore beaucoup de travail à faire avant de pouvoir attester une bonne santé à l’industrie cinématographique marocaine, notamment en ce qui concerne la chute de la fréquentation en salles dans ces dernières années, Marion Berger explique que le Maroc est l’un des pays du continent africain qui produit le plus de films, avec une moyenne de 20 à 25 longs métrages et une soixantaine de courts métrages, et que cela est dû, en partie, au soutien étatique à la production. Selon le journaliste Siegfried Forster, « Grâce à ce soutien, 90% du parc de salles est numérisé et 52 festivals et autres manifestations cinématographiques sont aidés tous les ans. »

Selon Reda Benjelloun, jury du festival et Directeur des magazines d’information et du documentaire au sein de la télévision nationale marocaine 2M, la situation du film documentaire est différente. « Si on enlève le Qatar et l’Arabie Saoudite, le Maroc est le seul pays arabe ayant mis en place un cercle vertueux du documentaire : il y a des réalisateurs, des producteurs, des écoles, des festivals, un financement public et une case dans la première chaîne de télévision nationale. » Ici Benjelloun fait référence au rôle consolidé de la chaîne 2M en tant que coproducteur de films documentaires marocains. En Algérie et en Tunisie, par exemple, il y a d’excellents réalisateurs et une structure de production, mais pas de distribution, pas de case documentaire ». Selon Benjelloun, les jeunes cinéastes marocains ont l’occasion de diffuser leurs films sur une chaîne nationale généraliste même quand ils sont encore à l’école. « C’est quelque chose d’énorme, c’est encourageant de voir ton propre film exhibé en prime time, à l’échelle nationale alors que tu n’as pas encore conclu tes études » ajoute-t-il.

Selon Benjelloun, le documentaire est un véritable outil de citoyenneté, « c’est un moyen d’aider la société à s’identifier et à se réconcilier avec son histoire. Le public au Maroc a un besoin d’identification et de réconciliation, et ce processus passe aussi par l’image et donc par la télévision. Il y a quelque part un besoin d’aller à la rencontre de soi-même, et le documentaire joue un rôle fondamental à cette fin. »

Trois longs métrages en compétition

Dans la section des longs métrages (Hypermétropie), les spectateurs peuvent visionner deux films coproduits par la chaîne 2M. Tous deux ont été amplement accueillis par le public marocain, avec plus de deux millions d’audience et plus de 20% de la part d’audience. Il s’agit d’Aji-Bi, les femmes de l’horloge (2015) et La route du pain (2015).

Aji-Bi, les femmes de l’horloge est le premier documentaire de Raja Saddiki, une réalisatrice de Casablanca qui remporta l’année dernière avec cette œuvre un prix au Festival FIDADOC d’Agadir. Le documentaire raconte l’histoire d’une petite communauté de sénégalaises échouées à Casablanca, ou les femmes hésitent entre une régularisation au Maroc ou la traversée vers l’Europe. Entretemps, ces femmes de tous âges s’organisent pour survivre dans une société marocaine à la fois généreuse et hostile.


Avec le documentaire de Hicham Elladaqi La route du pain (2015), nous changeons de ville pour nous retrouver à Marrakech et, plus spécifiquement, aux pieds des remparts de la Médina où chaque jour des dizaines d’hommes et de femmes s’y postent pour quémander du travail. Originaire lui-même de Marrakech, Elladdaqi, s’est diplômé en 2011 à l’Ecole Supérieure de l’Audiovisuel (ESAV). Après plusieurs expériences comme monteur, Hicham démarre une carrière de réalisateur de films de fiction. La Route du pain est son premier long métrage documentaire.

Enfin une fiction parmi les réalisations marocaines sélectionnées dans cette section : Starve your dog (2015) de Hicham Lasri. Il s’agit de l’histoire d’une cinéaste has-been qui s’apprête à interviewer un puissant homme politique malfamé sur le rôle qu’il a joué dans un ancien régime brutal. Les jours de gloire de la réalisatrice sont aussi fanés que le pouvoir dont l’homme politique jouissait naguère. Pendant ce temps, dans la rue, une pauvre femme brandit le poing vers le ciel et prie pour qu’un tremblement de terre apporte la justice.

Starve your dog n’est pas le seul film de Lasri projeté au festival cette année. Dans une section hors compétition, nous retrouvons C’est eux les chiens (2013), qui avait gagné au Festival de cinéma africain, alors célébré à Cordoue, le Grand Prix du Meilleur Film de Fiction.

Deux courts métrages en compétition

Dans la section des courts métrages (En bref), le spectateur a l’occasion de mieux connaître Casablanca à travers les deux œuvres sélectionnées. D’une part il y a La perruque (2015) de Karim Boukhari, dont c’est la première réalisation. Le court métrage se déroule à Casablanca, dans une salle de cinéma, où un homme entre et se travestit en femme. « J’ai tout de suite été touchée cette histoire qui aborde l’homosexualité de façon subtile et intelligente », déclare la programmatrice du festival, Marion Berger.

Avec Le Park (2015) de Randa Maroufi, nous abordons le genre expérimental, une lente déambulation dans un parc d’attraction abandonné au cœur de la ville, un film dressant un portrait de jeunes qui fréquentent ce lieu.

Hors compétition

Outre ces deux sections de films en compétition, d’autres sections parallèles permettent aux spectateurs de mieux comprendre la société marocaine contemporaine. C’est le cas du documentaire The Land Between (2014) du réalisateur australien David Fedele. Le film raconte l’histoire de milliers de migrants Subsahariens qui vivent dans les montagnes du Nord du Maroc. La plupart d’entre eux rêvent d’entrer en Europe. Pour cela ils doivent franchir une barrière hautement militarisée pour arriver à Melilla, une enclave espagnole sur la côte nord du continent africain.

Enfin, la section Estrechando propose trois fictions relatant des rencontres entre l’Europe et l’Afrique, l’Espagne vue du Maroc, deux pays qui s’observent et se rapprochent. Adios Carmen (2013) de Mohamed Amin Benamroui, Andalousie, mon amour (2011) de Mohamed Nadif et La isla del Perejil (2015) d’Ahmed Boulane.

Tant de regards sur le Maroc et à partir du Maroc, pour mieux échanger, pour mieux se comprendre, pour lutter contre les clichés. Cette 13ème édition du FCAT ouverte jeudi 26 mai à Tanger et vendredi 27 mai à Tarifa se poursuit jusqu’au samedi 4 juin.

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